XIX
OÙ L’ON COMMENCE À TIRER LA GRENOUILLE
Si vous voulez vous amuser à tirer la grenouille, entre amis et voisins, après votre repas, cela vous fera grand bien. C’est un exercice agréable et salutaire. Marcou va vous donner une leçon.
Il faut d’abord un bâton, court et franc, juste la place de quatre larges mains. Il faut ensuite des pichets de cidre à portée, car la grenouille est un jeu où il fait chaud. Il faut une trentaine de gars en belle santé, glorieux, car ça vous donne hardiment du cœur, la gloire et qui ne regardent pas à déchirer leur chemise ou leurs chausses à l’ouvrage.
Des filles alentour, bien entendu. À quoi bon tirer la grenouille si Anne-Marie et Louison ne sont pas là pour dire en rhythmes jumeaux, comme les bergères de l’idylle antique :
— Oh la ! là ! Oh mais dame ! dame ! ça c’est vrai, vère, vraiment, pour avoir une bonne poigne, Gabillou a une bonne poigne, je ne mens pas !
— À tout coup, faut pas mentir, quoique ça, oh mais dame ! vère, vraiment, qu’il a une bonne poigne, Gabillou, tout à fait !
Otez à Gabillou Louison et Anne-Marie, les muscles de Gabillou deviendront du beurre.
À Roland le preux il faut Angélique.
Une fois que vous vous serez procuré un bâton, des pichets, trente gars, quinze Louison et autant d’Anne-Marie, choi-