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XIV


LE LOGIS DE BERTHE


À la place où fut commencée, quelques années plus tard, cette magnifique cathédrale de Dol, qui tombera en poussière avant d’être achevée, la rue Miracle descendait tortueusement vers le champ de foire. C’était le quartier noble. Il y avait jusqu’à cinq hôtels projetant leurs pignons pointus sur l’étroite voie, et ces cinq hôtels faisaient l’achalandage principal de dame Fanchon Le Priol, autrefois métayère au bourg de Saint-Jean, présentement mercière.

Dame Fanchon ouvrait sa boutique, bien fournie de rubans, lacets, agrafes, cordonnets de soie et touffes de laines tressées, juste en face de l’Hôtel de Maurever. Elle avait de l’âge, la bonne femme, mais elle gardait honnête mine et buvait encore son écuellée de cidre d’une seule haleine. Simon Le Priol, son mari, dormait depuis longtemps au cimetière.

L’hôtel de Maurever était un édifice assez grand, qui abritait sa porte massive dans un enfoncement en forme de niche. La vierge Marie et sainte Anne étaient dans deux autres niches plus petites aux deux côtés de l’huis. Le soir, on allumait deux petits cierges de résine sous les pieuses images, et c’était l’unique éclairage de la plus belle rue de Dol.

Nous penchons même à croire qu’on l’appelait la rue Miracle à cause de ces deux lampions protecteurs, car, à cette époque,