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XII


OÙ FIER-A-BRAS SE MONTRE GOURMAND


Pierre Gillot prit son air le plus aimable et fit à Jeannin un petit signe d’intelligence.

— Mon compagnon, dit-il, je vais m’expliquer et m’expliquer clairement, ainsi qu’il convient entre deux bonnes gens. Mais je n’aime pas beaucoup à parler comme cela, portes et fenêtres ouvertes. Souffrez que je ferme la croisée.

— Fermez tout ce qu’il vous plaira, repartit Jeannin.

Pierre Gillot se leva et fit basculer le lourd châssis de la fenêtre dans sa rainure poudreuse. De cette sorte, reprit-il, les oreilles curieuses, s’il y en a seront bien attrapées.

Oh ! que oui-dà ! pensait Fier-à-Bras l’Araignoire dans son buffet, où il détachait avec soin le couvercle d’un pot de conserves.

Pierre Gillot vint se rasseoir et croisa ses jambes mal chaussées l’une sur l’autre.

— Donc, commença-t-il, voici ce qui m’amène. Vous avez été à la cour de Nantes, n’est-ce pas, maître Jeannin ?

— Plusieurs fois. Pourquoi ?

— Vous allez voir. Vous étiez de l’armée du Bien public, sous Montlhéry ?