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  • l’accélération de la vitesse d’eutrophisation (croissance excessive des plantes et des algues) provoquée par l’augmentation de la teneur en substances nutritives ;
  • l’affaiblissement de la valeur récréative d’un lac ou d’une rivière ;
  • augmentation des concentrations de métaux lourds, de pesticides et d’autres substances toxiques ;
  • la hausse des coûts d’épuration des eaux destinées à la consommation humaine.


Les problèmes causés par les alluvions dans un cours d’eau sont bien connus, par contre on ne connaît généralement pas les coûts qu’ils entraînent pour les agriculteurs et la société. Les coûts que les agriculteurs doivent supporter directement sont ceux du nettoyage des canaux de drainage et d’irrigation (fig. 3). D’autres coûts moins évidents doivent être assumés par l’ensemble de la population. La disparition des frayères peut avoir des effets préjudiciables sur les industries halieutiques (la pêche) et touristiques environnantes. La pêche commerciale et la pêche sportive peuvent être perturbées dans les réseaux côtiers et intérieurs des lacs et des rivières. En outre, le dragage des ports, dont le coût s’élève à chaque année à plus de 100 millions de dollars dans le bassin des Grands Lacs seulement, devient nécessaire pour maintenir la navigation.

Les sédiments influent aussi sur la qualité de l’eau, à cause de leur propriété de transporter et de fixer le phosphore, les métaux lourds, les pesticides et d’autres composés toxiques. Des études effectuées sur le terrain dans le secteur canadien du bassin des Grands Lacs montrent que l’érosion et le transport des particules de sol avec le phosphore qui s’y est fixé sont à l’origine d’une grande partie de la pollution totale par le phosphore en provenance des terres agricoles.

La teneur en phosphore des sédiments est en général plus forte que celle du sol d’où ils proviennent parce que le processus d’érosion agit de manière sélective. Les matières organiques et les matières minérales à grain fin (à forte teneur en phosphore) sont très facilement érodées et transportées.

Le phosphore est l’une des principales substances nutritives lorsqu’on envisage le contrôle de l’eutrophisation des cours d’eau et des lacs. Heureusement, une importante fraction du phosphore fixé aux sédiments (de 65 à 95 % du phosphore total) n’est pas assimilable par les plantes associées à l’eutrophisation.

La pénétration dans les eaux superficielles des métaux lourds fixés aux sédiments (mercure, plomb, arsenic, cadmium et sélénium) et des matières organiques toxiques (PCB) provenant des terres agricoles est une autre conséquence de l’érosion. Du mercure et des PCB ont été trouvés dans la chair des poissons du bassin des Grands Lacs et d’autres réseaux d’eau douce du Canada. À cause de ces contaminations, certaines espèces de poissons sont considérées à l’heure actuelle comme impropres à la consommation humaine. Le plomb représente un danger possible parce qu’il peut, dans les sédiments, subir une transformation chimique et devenir très toxique (méthylation). Quoique les métaux lourds ne soient pas fréquemment utilisés en agriculture, ils pénètrent dans les champs en provenance d’émissions atmosphériques