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XIV
INTRODUCTION.

sont infiniment plus faciles à saisir, plus commodes dans la pratique. Par cela même, ils ont eu leur temps d’utilité réelle et ont compté d’ardents défenseurs. Mais les vrais savants, les inventeurs eux-mêmes, en avaient senti de bonne heure les graves défauts. Ils avaient compris que le système le plus parfait dissimule souvent les difficultés existantes au lieu de les résoudre, et parfois en soulève qui n’ont aucun fondement ; que par suite il conduit fatalement à l’erreur. — La méthode naturelle au contraire, reposant sur l’ensemble de tous les caractères, met le botaniste, le zoologiste, en face de chaque problème, et les force à l’envisager sous toutes ses faces. Par là, elle leur démontre parfois leur insuffisance, mais du moins elle ne permet jamais à un esprit sévère de se repaître d’illusions, de croire expliqué ce qui ne l’est pas.

Il en est ainsi de la doctrine monogéniste qui admet l’unité de l’espèce humaine lorsqu’on la compare à la théorie polygéniste, à celle qui admet la multiplicité des espèces humaines. En présence de la diversité que présentent les groupes humains, rien de plus simple en apparence que de faire de ces groupes autant d’espèces différentes et de leur assigner des origines distinctes. Cette solution est séduisante, elle est bien simple et semble répondre à tout ; mais qu’on aille quelque peu au fond des choses, et les conséquences qu’elle entraîne en feront vite ressortir l’inexactitude pour tout esprit non prévenu. En effet, elle conduit inévitablement à regarder les lois qui régissent l’organisme humain comme étant en contradiction, sur plusieurs points d’une importance capitale,