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FORMATION DES RAGES HUMAINES. 209

couleur déterminée lorsqu’il naît un jeune qui présente des teintes différentes.

Il n’est guère plus nécessaire de prouver que l’écart est parfois chez nous, comme chez l’animal, beaucoup plus considérable. Alors nous le taxons de difformité. La plupart de mes lecteurs, peut-être tous, auront sans doute rencontré un ou plusieurs individus à jambes de moitié trop courtes et tordues comme celles d’un basset, et ils n’auront pu refuser un regard de commisération à ces êtres disgraciés.

Des variétés de cette importance, des modifications plus étranges encore , pourraient-elles se perpétuer chez nous, se transmettre de génération en génération et devenir la souche d’une race ? Les faits répondent ici affirmativement, et de la façon la plus décisive. Indiquons rapidement quelques exemples.

Edward Lambert, né en 1717 de parents parfaitement sains, ne présenta rien de remarquable pendant les neuf premières semaines qui suivirent sa naissance. A cette époque, sa peau commença à brunir et s’épaissit de plus en plus. A quatorze ans, il fut présenté à la Société royale de Londres, et voici ce qui fut constaté. Le visage, la paume des mains et la plante des pieds ne présentaient chez lui rien d’anomal, mais tout le reste du corps était couvert d’une sorte de carapace brunâtre, épaisse d’un pouce et plus, irrégulièrement fendillée, et qui, sur les flancs, était divisée de manière à figurer grossièrement les piquants d’un porc-épic, circonstance qui valut à Lambert le surnom sous lequel il est resté célèbre. Tous les ans cette carapace tombait par suite d’une sorte de mue ; la peau reparaissait saine et