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XI
INTRODUCTION.

races africaines. Il manda sur-le-champ cet auteur, qui à son tour l’engagea à se mettre en rapport avec M. Morton, le chef reconnu des anthropologistes américains. Une correspondance s’engage entre le ministre et l’auteur des Crania americana. Le résultat de cette association fut une note dans laquelle M. Calhoun repoussait toute modification à l’ordre de choses établi dans l’Union américaine, se fondant sur les différences radicales qui séparent les groupes humains. Cette manière d’argumenter déconcerta le ministre anglais, qui se hâta de répondre qu’il n’entendait intervenir en rien dans les institutions domestiques des autres nations. — Après avoir raconté cette anecdote, M. Nott se félicite hautement des ennuis que la véritable ethnologie, franchement introduite par M. Calhoun dans les relations internationales, a causés à la diplomatie philanthropique. Mais par là même il trahit dès le début les préoccupations dont on retrouve les traces dans tout l’ouvrage.

Ainsi en Amérique la question anthropologique se complique de celle de l’esclavage, et à lire la plupart des écrits qui nous viennent d’outre-mer, il est clair qu’on y est avant tout anti-slaviste ou slaviste. Mais aux États-Unis il faut toujours être biblique, et de là viennent les nuances particulières qui distinguent certains ouvrages anthropologiques américains. — Les anti-slavistes sont d’ordinaire franchement monogénistes et acceptent le dogme d’Adam tel qu’il est généralement entendu. Telle est aussi la profession de foi d’un certain nombre de slavistes. Ceux-ci, pour justifier leur conduite envers leurs frères noirs, recourent à l’histoire de Noé et de ses fils. Cham, di-