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VII
INTRODUCTION.

été la victime… Il fallait bien qu’il y eût d’autres familles à côté de celle d’Adam. — Enfin à peine Caïn a-t-il eu un fils qu’il bâtit une ville. Il fallait donc qu’il eût trouvé des compagnons pour la construire, pour la peupler. — De tous ces faits, l’auteur conclut qu’il existait des hommes en dehors de la famille adamique ou juive, et que ces hommes, répandus dès lors sur toute la terre, n’étaient autre chose que les gentils, ces premiers venus de la grande création, toujours si nettement distingués du peuple de Dieu, des Juifs.

La Peyrère interprète au même point de vue un grand nombre d’expressions générales employées dans la Bible. — La terre, dont il est si souvent question, n’est pas pour lui la surface entière de notre globe, mais seulement la terre sainte, celle que Dieu avait destinée à son peuple. Il en précise les limites et en donne une carte peu détaillée, mais assez juste pour le temps. C’est à elle seule qu’il applique les récits relatifs au déluge biblique, déluge qu’il compare aux autres grandes inondations partielles dont diverses nations ont conservé le souvenir. L’histoire de Noé devient ainsi le pendant de celle d’Adam. Ce patriarche est resté le seul représentant, non pas de l’humanité entière, mais des Juifs seulement. C’est contre ces derniers que s’était allumée la colère céleste. Dieu n’a jamais eu l’intention de détruire les gentils.

Il est bien difficile de ne pas être frappé de la ressemblance et souvent de l’identité des doctrines de La Peyrère avec des opinions souvent et encore tout récemment émises. Toutefois, qu’on ne s’y trompe pas : La Peyrère n’est nullement un libre penseur, un es-