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VI
INTRODUCTION.

d’Adam, n’auraient vu le jour qu’après le repos du septième jour. Seuls ils auraient habité le jardin d’Éden, seuls par conséquent ils se seraient rendus coupables du péché contre la loi en violant la défense qui leur avait été faite. Les autres hommes, innocents à cet égard, n’en étaient d’ailleurs pas moins coupables de pèches naturels. L’auteur trouve cette distinction confirmée par un passage de saint Paul[1].

À l’appui de son hypothèse fondamentale, La Peyrère n’invoque pas seulement le texte même relatif aux premiers jours du monde ; ses arguments les plus précis sont tirés surtout de l’histoire d’Adam et de sa famille. — Jusqu’à l’âge de cent trente ans, la Genèse ne donne à celui qu’on est habitué à regarder comme le premier homme pas plus de trois fils, et les paroles qu’il prononce lors de la naissance de Seth ne peuvent laisser de doute à cet égard. Plus tard seulement il a des fils et des filles. Or, après le meurtre d’Abel, Seth n’étant pas encore venu au monde, la famille d’Adam ne comptait que trois personnes. Cependant Caïn, chassé par Dieu et condamné à errer sur la terre, témoigne la crainte d’être tué par quiconque le trouvera. Dieu met en conséquence un signe sur Caïn, et déclare que celui qui le tuera sera puni au septuple. Caïn pouvait donc rencontrer en effet des ennemis, et ces ennemis ne pouvaient être que des hommes étrangers à Adam. — Caïn, en s’éloignant, emmène sa femme. D’où venait cette femme ? Jusqu’à cette époque, Adam n’avait eu d’autres enfants que celui qui fuyait après un crime et celui qui en avait

  1. Epître aux Romains, chapitre v, versets 12, 13 et 14.