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II
INTRODUCTION.

particulièrement, font seules varier ses caractères physiques. Toutefois ils paraissent leur accorder des lieux d’origine divers. Quant aux seconds, leur opinion sur ce sujet découlait de croyances religieuses communes à toutes les nations qui s’occupaient alors de science. Juifs, chrétiens ou mahométans, voyaient également dans Adam le père de tous les hommes. En fait, l’unité de l’espèce humaine était donc pour eux un dogme admis au même titre que tous ceux qu’ils avaient puisés dans un livre sacré pour tous, dans la Bible.

Un jour vint cependant où l’autorité séculaire de ce livre fut attaquée et niée avec une violence souvent aussi aveugle que la foi qu’il avait si longtemps inspirée. Si une partie des classes intelligentes continua de chercher dans la Bible la solution absolue de toutes les questions, même de celles qui sont le plus en dehors des doctrines religieuses bien comprises, une autre partie de ces mêmes classes se mit à rejeter sans examen tout ce qu’elle y voyait ou croyait y voir. Ce défaut de critique éclairée, commun aux deux camps, devait entraîner des résultats semblables. La négation et l’affirmation, également dépourvues de base, conduisirent souvent les deux partis à l’absurde dès qu’il s’agissait de questions scientifiques. Si, pour demeurer d’accord avec le texte de Josué, les docteurs bibliques soutinrent l’immobilité de la terre et le mouvement du soleil, les philosophes anti-bibliques, pour pouvoir hier le déluge, ne voulurent voir dans les amas de fossiles qui constituent des montagnes entières que la trace du passage de quelques pèlerins qui avaient perdu leurs co-