Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/499

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans sa cave San terre, le « général du houblon », et firent une simple promenade militaire bien courte, avec repas et plaisanteries.

Les manifestations muscadines, fort nombreuses, faisaient accuser de complicité les thermidoriens maîtres du pouvoir, déjà divisés. Pourquoi, disaient d’anciens Montagnards, pourquoi n’empèche-t-on pas ces factieux d’agir à ciel découvert ? Pourquoi n’applique-t-on pas la Constitution de l’an III ?

Et l’insurrection de prairial se préparait parmi le peuple des faubourgs.

Dans le Dànocrite, on Journal de Midi, Brutus Magnier s’éleva avec indignation contre les thermidoriens, en l’an III de la République qu’il appelait « problématique ». Grâce à eux, écrivait-il, le royalisme renait, les gouvernants ne continuent plus la guerre que contre les Montagnards, les pièces de théâtre contre-révolutionnaires abondent, les écrivains-abbés reprennent la plume, les renégats sont tout-puissants : Faublas-Louvet, Royal-Fréron, Vampire-Legendre, César Dubois-Crancé, Mandrin-Dumont, Merlin (de Douai) le mielleux, Delacroix montagno-plaini-marécageux, Brouillon de l’Oise, etc. (1). Convenons que les sobriquets donnés par Magnier étaient mérités.

Quoique le reste des Montagnards pût dire, la jeunesse dorée trouvait des soutiens dans la presse autrefois feuillantine ou girondine, prête à jeter bas la République. Un journal imprimait : « Depuis quelques jours, il s’est fait dans Paris des rassemblements de jeunes gens qui, réunis, se sont portés successivement dans différents quartiers de la ville. Ils ont visité, en général, les caffés dont les enseignes changées, ou par esprit d’intérêt, ou par politique pour leur propre sûreté, avoient pris les différens noms à l’ordre de Robespierre. Partout leur conduite, dirigée par l’amour de l’ordre, le respect pour les autorités constituées, et particulièrement pour la Convention, n’a excité aucune plainte fondée. Ils ont invité les différens limonadiers et autres de ce genre, à se considérer eux-mêmes comme des êtres libres, et à quitter les signes de l’esclavage. Cette invitation a eu son effet, et déjà plusieurs ont repris leur ancienne (i) Démocrite, ou Journal de Midi, vingt-ciuq numéros, dont plusieurs ont des suppléments (du 24 pluviôse au 23 ventôse).— Cartons des Archives nationales, C. W- a 48. — Magnier (Antoine-Louis-Bernard-Lepelletier, Beaurepaire Brutus). Une commission militaire le condamna à la déportation, comme auteur du plan d’insurrection de prairial ; il resta à Caycnne jusqu’au décret d’amnistie.