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des Cinq-Cents, tels que Siméon, Gilbert Desmolières, Dumolard. Cette réunion avait lieu deux fois par semaine, une fois chez Barhé-Marbois, où nous dînions en pique-nique, et l’autre fois chez Gilbert Desmolières, où nous passions la soirée. Cette espèce de comité fut toujours unanime sur les principes et sur les moyens ; il n’y eut jamais d’arrière-pensées, jamais d’intrigues ni d’influences étrangères. 11 n’est pas vrai, quelles que fussent au fond nos opinions monarchiques, que nous ayons servi la cause royale... (1).» Après avoir été, durant plusieurs années, un rendez-vous pour les patriotes, le Palais-Royal devint un foyer contre-révolutionnaire. Les muscadins insultaient aussi les habits bleus, ou soldats républicains, même blessés, qu’ils rencontraient dans les rues. Chabot les avait nommés muscadins du haut de la tribune de la Convention, ces jeunes gens à bas blancs, à collets noirs, armés d’un bâton qu’ils appelaient en riant leui* pouvoir exécutif, avec lequel ils assommaient les collets verts. Avec les Mayolets, agioteurs du Perron Vivienne, au Palais-Égalité, se mêlaient les Incroyables, portant la cravate êcrouélique à triple tour, qui embéguinait leur menton et caressait le bord de leur lèvre inférieure. Les muscadins se joignaient aux « petits émigrés » cachés chez les fdles. Aussitôt qu’une effervescence quelconque se produisait, ils apparaissaient, poussaient au désordre, espérant pêcher en eau trouble.

Dans la journée du l^»" prairial (20 mai 1795), on a cru, non sans quelque raison, que les royalistes, sous le masque du jacobinisme, excitèrent le peuple, en espérant noyer la République dans le sang, en amenant l’anarchie. On les appelait « contre-révolutionnaires en bonnet rouge. »

Tout semblait bon aux réactionnaires pour conspuer, même pour frapper les hommes fidèles à la foi républicaine. Dans la journée du 3 prairial an III, les comités firent distribuer, au dépôt des Feuillants, des armes à toute la jeunesse dorée, pour attaquer le faubourg Saint-Antoine (2). « Oh ! beaux jeunes gens ! » s’écrièrent des femmes. Mais les rebelles, qu’ils ne combattirent pas, murmuraient : « Ce sont les grenadiers de La Fayette ! » Joannot commandait le bataillon des muscadins, qui prétendaient noyer (1) Tome m, p. 73. Mathieu Dumas fut enveloppé plus tard, avec Barbé-Marbois, daus la proscription du 18 fructidor an V.

(2) Histoire du bataillon des Jeunes citoyens à l’attaque du faulmurg Saint-Antoine, le 4 prairial an IH, par Louis Costaz (in-S", chez Dcrenne, Palais-Égalité, 1795).