Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/394

Cette page n’a pas encore été corrigée

sont tous les citoyens actifs sous les armes ; par conséquent, ce sont tous ceux que la loi juge en état d’avoir et d’exprimer une volonté, armés pour la faire exécuter ; c’est la force publique elle-même^ protégeant la volonté publique (1). » La partie armée de la nation comptait des ennemis acharnés contre les épaulettiers^ les bleus comparés à de la faïence bleue qui ne va pas au feu, contre Bailly et La Fayette, qui, disaient-ils, voulaient royaliser la France, en rassemblant toutes les gardes nationales pour en faire un « tout respectable, fort, considéré. »

11 ne faut pas oublier que, lors de la Fédération du 14 juillet 1790, si les fédérés marseillais, par exemple, s’étaient signalés par leur ardeur révolutionnaire, d’autres, tels que ceux de la Touraine, s’étaient nettement déclarés amis du roi. En effet, les fédérés tourangeaux avaient apporté à Louis XVI un anneau qu’Henri IV avait donné autrefois à leurs compatriotes pour reconnaître leur fidélité. De plus, beaucoup d’envoyés des départements étaient visiblement enthousiastes de Louis XVI et de La Fayette.

Le 15 juillet 1790, des journaux récriminèrent contre l’adoration de La Fayette par les fédérés, contre le refus du roi de venir à l’autel de la Patrie prêter le serment qu’il avait prononcé dans sa tribune, sous sa tente. Pour la première fédération, il faut remarquer que Louis XVI était « chef suprême des gardes nationales de France », et La Fayette « major-général de la Fédération », recevant et exécutant les ordres du roi.

Un Journal des Fédérés était royaliste. On souscrivait chez Gattey (sic) et Senneville, rue Sainte Apolline, n" 18, au bureau, et rue Sainte-Anne, n° 11, chez Dodoucet (2).

Déjà différentes villes s’étaient fédérées en particulier, et les patriotes avancés voyaient un danger dans le fait de joindre ensemble par un lien commun tous ces faisceaux divers, formés à Orléans, à Troyes, à Dijon, à Lille, etc.

La première grande fédération, de 1790, laissa de profondes racines à Paris, non pas seulement au point de vue de la simple fraternisation, mais comme donnant l’idée du fédéralisme, c’est-à-dire du système consistant à faire des quatre-vingt-trois départements autant de petits États égaux entre eiix, se secourant, en cas de nécessité, d’un bout à l’autre de la France, à l’exemple des États-Unis d’Amérique.

. (1) Article du député Guiraudet, dans le Journal de la Société de 1789. (2) Bib. Nat., Le 2/429, sans date. Le dernier numéro se termina par une ode contre le duc d’Orléans.