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ses conciliabules au milieu des sifflets et des huées, et ayant toujours une garde nombreuse à Tentour de la maison. « Voilà des aristocrates qui en gardent d’autres », disait la foule... Bailly se rendit là jeudi, et assura au peuple, ce qui ne le contenta point, que cette assemblée n’avait aucun mauvais dessein. Le lendemain, une ordonnance qui l’autorisait fut affichée... Mais, dans la soirée même, on y courut... Le traiteur qui apportait à manger fut repoussé et forcé de retourner sur ses pas. L’abbé Maury, la veille, avait craché sur le peuple, du haut d’une croisée : il fut conspué à son tour. Le gros Mirabeau tira ses pistolets (1). »

Les choses eussent pu devenir très sérieuses. Une interdiction formelle de la police survint, qui empêcha le Club français de continuer ses séances.

Quoique simple journal des spectacles et des frontières, la Chronique de Paris imprima ces phrases :

« L’Assemblée de la rue Royale, dite Club français, est toujours troublée par le peuple qui ne cesse défaire charivari, malgré une proclamation de la police. Il a embrené le marteau de la porte, il jette des ordures dans les croisées ; enfin, malgré tout ce qu’on peut dire de cesabat {sic) aristocratique, il ne veut pas croire qu’il n’a pas le droit de troubler des hommes assemblés pour lui donner une jolie petite guerre de religion. Avec ses accompagnemens, le propriétaire ne veut plus leur louer ; la milice nationale s’ennuie du service journalier qu’il faut faire à leur porte. Il paroît qu’ils seront forcés de déguerpir, et de s’assembler rue de Seine, dans la cave. Le peuple qui les hue, proteste toujours que son intention n’est pas de leur faire aucun mal, mais qu’il ne veut pas les laisser jouer de leur aristocraeerie (2). »

Cette attaque était rude, car elle accusait le club en question d’avoir une attitude à la fois politique et religieuse, alors que l’Assemblée constituante rendait ses décrets abolissant les vœux monastiques, supprimant les droits féodaux ; alors que le Club des Impartiaux^ lé Club monarchique, le Club des Feuillants, et la presse royaliste battaient en brèche les hommes avancés dont le but était de rompre entièrement avec l’ancien régime.

La Chronique de Paris commenta la sentence de police : « Le Tribunal de police vient de rendre une ordonnance (3) pour (l) V Observateur français, u" 222.

{^) Chronique de Paris, numéro du 16 mai 1790, p. 542. (3) Arch. Nat., Répertoire général de M. A. Tuetey, 2= vol., n° 1127.