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Au commencement de 1790, aussitôt après la formation de la Société, le duc de Villequier vint avertir les membres du Salon français que Santerre, à la tête des patriotes du faubourg Saint-Antoine, voulait attaquer la famille royale. Beaucoup se rendirent au château des Tuileries, avec des poignards et des pistolets sous leurs vêtements. 11 n’en résulta rien de grave, mais le public eut connaissance de l’équipée, ce qui contribua à rendre le club antipathique aux masses. Quand rémotion populaire et les façons des membres du club firent dégénérer les agitations en troubles, l’autorité municipale pensa qu’il fallait s’enquérir des faits, ainsi qu’on le voit par des procès-verbaux des commissaires de police, intitulés : « Procès-verbaux relatifs aux troubles survenus dans la rue Royale, à propos de la réunion contre-révolutionnaire du Salon français, avec un précis des faits, lettres de M, Bailly, lettres et ordonnances du Département de police, arrêté du district de Saint-Roch et statuts imprimés de la Société du Salon français (14 mai 1790) (1). » Certainement, l’ordre était troublé, et l’on pouvait craindre que des menaces il serait bientôt passé aux coups, si l’on en juge par la pièce suivante :

« Procès-verbal d’arrestation, dans l’attroupement de la rue Royale, d’un jeune garçon qui invectivait la Garde nationale et avait dit « qu’il jouerait à pair ou non la vie du vicomte de Mirabeau », lequel, relâché après vingt-quatre heures passées au violon, tint de nouveau les mêmes propos (14 mai 1790) (2). »

Le peuple ne cessa de poursuivre l’assemblée de la rue Royale plusieurs jours durant. Il organisait de véritables charivaris, afin de l’obliger à déguerpir. Les membres du Salon français s’obstinèrent. Il fallut que l’autorité redoublât d’efforts, que la presse dévouée à la Révolution, même la presse la moins avancée, s’attaquât au Club aristocratique.

L’Observateur français imprima aussitôt : « Le peuple, au mois de mai 1790, a déniché un club d’aristocrates qui se tenait rue Royale, butte Saint-Roch... C’est un rendez-vous de financiers, de robins et de prêtres qu’assemble l’espoir d’une contre-révolution. Une dame de Level leur loue le premier et le second étages de sa maison, à raison de mille écus par mois... Pendant toute cette semaine, il a tenu (1) Minutes (1 doss.). Archives de la Police, sections de Paris, procès-verbaux dos commissaires de police (Butte des Moulins). (2) Minutes (2 p.). Archives de la. Poi-icb ;, sections de Paris, procès-vorbaux des commissaires do police (Butte des Moulinsj.