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CLUB DES FEUILLANTS
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de ses grands travaux, un triste événement vient suspendre notre joie et nos espérances. Un schisme se manifeste au sein même de cette Société, qui se glorifioit de posséder dans son sein les plus intrépides défenseurs de la Révolution, et de rallier autour d’elle les vœux de toutes les sociétés patriotiques de la France. En vous en exposant les causes, pardonnez-nous de jeter un voile sur la plupart ; il est triste pour des amis de la patrie d’accuser ceux qu’ils ont chéris comme leurs frères. — Vous avez vu les combats soutenus sur la grande question de l’évasion du roi et son inviolabilité absolue. L’opinion de la Société vous est connue ; elle se glorifie de la partager avec presque toutes les Sociétés du royaume. — Constante dans la marche loyale et franche qu’elle a toujours suivie dans ses discussions, elle avoit ouvert une arène libre à toutes les opinions. Le parti pour lequel penchoit la Société n’étoit pas celui qui triomphoit dans les comités. La plupart de leurs membres se sont abstenus d’y paroilre. Le décret a été rendu contre les principes soutenus par la Société. — Soumise aux décrets, elle a respecté la décision de l’Assemblée nationale. Mais ce succès n’a point découragé les hommes qui, désespérés d’avoir perdu dans la Société un ascendant qui n’est dû qu’à la raison, ont cherché à se venger en essayant de briser l’autel même sur lequel ils avoient tant de fois soutenu la cause de la patrie. Se fondant sur une protestation contre les décrets (protestation qui n’a jamais existé), ils ont effrayé, égaré les esprits des membres de l’Assemblée nationale qui étoient restés attachés à cette Société, et, dans une séance particulière tenue aux Feuillans, la scission a été résolue. Elle nous a affligés, sans nous décourager. Ce schisme est le fruit de la surprise, de l’erreur, et l’erreur n’a qu’un tems. L’Assemblée nationale renferme dans son sein une masse respectable de patriotes vertueux qui veulent sincèrement la Constitution : or, il est impossible qu’éclairés sur les manœuvres par lesquelles ils ont été séduits, entraînés par l’exemple de ces députés qui ont toujours été fidèles aux vrais principes, des Pétion, des Robespierre, etc., qui nous restent invariablement unis, ces Amis de la Constitution se séparent longtemps d’une Société qui peut se glorifier d’avoir été son berceau, d’avoir été constamment son boulevard, qui persévère et persévérera toujours dans les mêmes principes. Non, nos frères ne croiront pas qu’une Société qui a donné des preuves aussi frappantes de son patriotisme les efface en un moment et déchire son propre ouvrage. Nous vous conjurons donc, au nom de la patrie, de ne point précipiter votre décision sur ce schisme, d’attendre les lumières que l’avenir vous fournira, de comparer notre