Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée
239
CLUB MONARCHIQUE

indécente et coupable manœuvre, et qui eût enfin fixé l’opinion publique, qu’il est de notre devoir de ne pas laisser s’égarer. « C’est le 14 mars que nous avons eu l’honneur de vous écrire que la Société alloit reprendre ses séances. Nous avons attendu votre réponse jusqu’au 24, et votre long silence a dû nous convaincre que vous ne voyiez aucun danger dans notre rassemblement. « Le 24 mars, nous vous avons annoncé notre première séance pour le 28. Trois jours, quatre jours se sont encore écoulés sans avoir reçu de réponse. C’est le 28 mars au matin que l’on a apporté à l’un de nous la lettre de M. le maire, et l’arrêté du corps municipal. On nous explique ce retard par l’ignorance où l’on étoit de l’adresse de notre président. Nous observons qu’au moins celles de plusieurs de nos membres étoient connues.

« Celui qui a reçu votre arrêté et la lettre de M. le maire s’est hâté d’avertir les deux premières personnes qu’il lui a été possible de rassembler ; tous trois ont examiné ces pièces : nous vous prions, messieurs, de vous rappeler ce qu’elles disent. Vous ne nous défendez pas de nous réunir ; aucune loi ne vous y autorise : vous ne nous exhortez pas à ne point nous réunir ; cette mesure même vous aura paru trop forte. Vous nous rappelez votre arrêté du 10 février ; vous déclarez y persister : et qu’est-ce que cet arrêté ? Un véritable ajournement, une déclaration que vous avez reçu notre consentement à différer nos séances. Quelque indirecte que fût cette manière de vous exprimer, quelque inapplicable qu’elle fût à la circonstance présente, puisque nous avons retiré, par la lettre du 14 mars, le consentement que nous avions donné avant l’arrêté du 10 février, nos commissaires cependant ont cru devoir deviner ce que vous ne disiez pas : ils ont cru devoir proposer à la Société un nouvel acte de déférence, ils ont cru n’être point désavoués en persistant, jusqu’à l’opiniâtreté, dans le système d’une modération que notre Société adopte. Ils ont écrit à M. le maire et à MM. du département de police les lettres dont nous vous envoyons copie (1) ; ils ont envoyé à leur salle deux commissaires, en conformité de ces lettres, afin de communiquer aux membres de la Société les pièces qui indiquoient les intentions municipales. Les commissaires se sont transportés au lieu de la séance. Pendant assez lougtems, tout y a été calme : les personnes, arrivées successivement, ont fait lecture des lettres et se sont retirées sans murmurer. Ce n’étoit point à ce résultat que vouloient arriver nos ennemis. Vers les cinq heures, tout étant parfaitement calme dans (1) Nous n’avons pas retrouvé ces lettres.