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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES

monarchistes et aux nobles qui avaient survécu, possédaient des adeptes jusque dans la Convention, et s’estimaient heureux d’avoir assisté à la Réaction thermidorienne. Mais ces g-ens-là, craignant d’être regardés comme suspects, n’exposaient plus leurs opinions en public. Secrètement, dans les salons, dans les boudoirs, oii ne se rencontraient que des amis éprouvés et sûrs, y lisant les journaux, les nouvelles à la main, ils espéraient toujours voir un temps meilleur ; un successeur de Louis XVI, ramené par les souverains coalisés ; la France délivrée des révolutionnaires et reprenant le bon ton et les plus jolies manières.

Ils avaient des clubs à huis- clos, des officines de conspirations où s’étaient réfugiés les derniers débris de la noblesse et du clergé encore debout. Ils guettaient les républicains, s’apprêtaient à profiter de leurs fautes, se liguaient, au besoin, avec des thermidoriens, recevaient les renégats à bras ouverts, restaient émigrés à l’intérieur, résolus à fraterniser avec les émigrés de l’extérieur qui allaient bientôt rentrer. On pouvait les regarder comme des rebelles de clubs, de cercles, de salons, poussant aux manifestations plus ou moins inoffensives, promenant leur politique sur les boulevards, dans les foyeré de théâtre, chez le glacier Garchi, dans quelques cafés et restaurants qui s’étaient transformés en petits clubs contre-révolutionnaires.

La population parisienne perdait en partie les convictions républicaines ; l’orientation de la politique variait d’un jour à l’autre ; les hommes et les choses changeaient presque à vue d’œil.

Sous le Directoire, succédant à la Convention décimée, ressemblant à une monarchie représentative, la troisième période de réaction redevint principalement royaliste comme la première, à cause de la faiblesse du gouvernement. Des clubs actifs se rouvrirent avec le but avoué de renverser le pouvoir, qui se réclamait encore de la République. Les ClicJiyens se proclamaient (( honnêtes gens », menaçaient les jacobinières et couraient sus aux « buveurs de sang, » comme disaient les monarchistes unis aux thermidoriens, démocrates équivoques. Afficher les opinions royalistes devint une mode ; sous prétexte de poursuivre les Jacobins, on organisa la propagande en faveur du comte de Provence (depuis, Louis XVIIl). Peu à peu, les émigrés et les prêtres insermentés se mon-