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CLUB MONARCHIQUE

XXVI

Une curieuse brochure de Duval d’Eprémesnil, rancien conseiller au Parlement, apprécia ainsi le Club monarchique ^ regardé comme compromettant, dont tant de gens se défendaient de faire partie et de figurer sur une liste qu’ils déclaraient -prétendue, c’est-à-dire inexacte :

« Quant au club monarchique, je n’en suis pas. J’applaudis à son courage, ses dangers me conviennent, mais ses principes ! non. Ses principes, hélas ! les a-t-il déclarés ? les connoit-il bien lui-même ? Je rends justice aux intentions de ceux qui le composent : elles sont pures, elles sont nobles : mais je crains qu’ils ne soient pas dans le secret de leurs destinées.

« ...Je conjure les amis de la constitution monarchique de n’avancer qu’avec précaution sur un terrain qu’ils ne connoissent pas, de s’expliquer avec leurs fondateurs, de ne penser que par eux-mêmes, et de ne pas chercher le salut de l’État ailleurs que dans les vieux principes et les vrais appuis de la monarchie (1). » Les zélés du Club monarchique ne désarmaient pas. Faute de pouvoir s’assembler régulièrement, ils travaillaient en dessous. Le 14 février 1791, au Club des Jacobins, on lut la copie d’une lettre du club de Niort au Club monarchique, en réponse à celle que le Club monarchique lui avait écrite pour l’engager à se coaliser avec lui. C’était un refus, très énergiquement motivé. Un membre des Jacobins monta ensuite à la tribune et prévint ses collègues qu’il y avait des membres du Club monarchique qui s’étaient fait recevoir à celui des Jacobins. Selon lui, il y en avait deux pour lesquels il donnerait les preuves les plus certaines. Il engageait ses collègues à se procurer une « liste vraie et fidèle du Club monarchique », où on trouverait les noms des individus déjà reçus et ceux des postulants pour être au Club des vrais Amis de la Constitution (2). Nous ne savons pas si, selon le désir du membre de la Société des Jacobins, il existait une liste « vraie et fidèle ». Nous constatons que, chez beaucoup de modérés, même royalistes, la désaffection était grande, sans doute à cause des menées souterraines du club. (1) Déclaration de M. d’Eprémesnil, 13 février 1791. — Bib. de la Chambre (les députés, Rf 268.

(2) Le Lendemain, numéro du 17 février 1791.