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L’Assemblée ne tint pas compte des amendements de Murinais et de Malouet (1).

Celui-ci inséra, dans le Journal monarchique, une réponse à Barnave :

(( J’avois vu des crimes impunis, des hommes avides de pouvoir, s’élever par toutes sortes d’intrigues ; j’ai connu des princes despotes, des ministres absolus ; mais la tyrannie dans toute son audace, je ne la connoissois pas ; et je ne conçois pas qu’il y ait des hommes assez vils pour fléchir devant la tyrannie qui se masque du nom de patriotisme. Ah ! si c’est un droit sacré que celui de résister à l’oppression, que tous les hommes généreux brisent, comme moi, le joug qu’on leur impose ; car ce n’est pas le joug des loix, c’est celui des tyrans, des factieux, que je ne subirai jamais.

« Je ne sais si le tumulte des camps et le bruit des armes présentèrent jamais plus d’alimens à la discorde que ces scènes affreuses, où des représentans du peuple, unissant leurs cris et leurs applaudissemens à ceux des spectateurs, accueillent avec des transports de joie, quoi ? un acte d’humanité, de justice et de bienfaisance ? non : des paroles de sang, des calomnies et des outrages à ceux qu’on opprime !


« Vous voilà donc, François, obligés de vous affilier tous au club des Jacobins, sous peine d’être traités en ennemis de la constitution. Et vous, membres de la société monarchique, qui avez osé rivaliser avec le club dominateur, et qui, déjà chassés d’un quartier dans un autre, interdits par la municipalité, n’avez obtenu votre réhabilitation qu’en vous soumettant humblement au plus rigoureux examen, vous voilà dénoncés par M, Barnave comme des hommes perfides^ insidieux^ distribuant aux pauvres un pain empoisonné. « Si huit ou neuf cents citoyens, du nombre desquels j’ai l’honneur d’être, ainsi traités, à la grande satisfaction des tribunes et de la majorité de l’Assemblée nationale, n’obtiennent pas la réparation de cette injure, M. Barnave me permettra de lui demander ce qu’il appelle la constitution, l’heureuse révolution, et, surtout, la liberté (2). » Malouet avait proposé d’organiser une taxe des pauv7’es, selon Michelet, des bureaux de secours et de travail, dont les premiers fonds seraient faits par les établissements de charité, le reste par un impôt sur tous, et par tm emprunt.

(1) Murinais ne tarda pas à disparaître de la scène politique. (2) Hépo ?ise de M. Malouet à la dénonciation du Club de la Conslilulion monarchique par M. Bar/iuue.— Journal inonarc/iique, du 22 janvier 1791.