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CLUB MONARCHIQUE

tholique, apostolique et romaine, et de les contraindre à en remplir les devoirs ; que les mauvais chrétiens, les philosophes du siècle, pour se soustraire à ces devoirs, ne rougiroient pas, d’après les principes adoptés par l’Assemblée nationale, de se déclarer protestans pour s’y soustraire, et que le protestantisme seroit le sur-tout de l’athéisme. » — On peut juger des véritables sentimens de l’honnête homme qui, après avoir assisté à cette assemblée clandestine, au lieu de soulever les citoyens, les appelle au contraire à l’indulgence : <( Soyez en garde, citoyens, contre le piège qu’ils veulent vous tendre ; mais plaignez-les, priez même pour eux ; voilà ce que la vraie piété vous enseigne. Songez que le pardon des offenses est un des plus saints et des plus beaux devoirs d’un chrétien. Si vous n’avez pu contenir quelques mouvemens que vous a arraché {sic) un premier moment d’indignation, reconnoissez à présent, que loin de leur faire outrage, vous devez les protéger contre toute espèce d’insultes. Imitez le noble exemple que vous ont donné vos frères de notre garde nationale. Ramenez ces hommes égarés, à force de modération et de prudence, et montrez-vous le peuple le plus doux, le plus généreux et le plus humain, comme vous êtes à présent le plus libre et le plus brave. »

Au dire de Gorsas, on porta aussitôt, à Paris, des cannes à sabre, qu’on appelait crosses épiscopales, depuis le conciliabule des Capucins, auquel plusieurs prélats s’étoient rendus armés de ces cannes. Des articles et des brochures plaisantèrent ces « amis du peuple », dont la modération ne sautait pas aux yeux de la foule, et qui poursuivaient peut-être, au nom de la religion, un but hostile aux partisans du mouvement révolutionnaire accepté par la plupart des Parisiens.

IV

Cependant, la municipalité craignit une sérieuse émeute. La Fayette et Bailly firent doubler tous les postes ; toutes les avenues de la salle des séances de l’Assemblée nationale furent couvertes de gardes nationaux pour protéger les députés.

« L’afftuence est prodigieuse, dit Loustalot, composée de bourgeois principalement. L’impatience est extrême, le silence profond, l’inquiétude universelle. « Ces calotins et ces insolents de nobles », y dit-on, n’ont aucun droit d’être à l’Assemblée nationale : ils ne représentent pas la nation puisqu’elle ne les a pas choisis ; ils ne représentent pas des ordres, puisqu’il n’y a plus d’ordres. Nous n’aurons