Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Il paroit, par un récit publiquement avoué et signé, que la majorité du clergé, réunie pour la deuxième ou troisième fois aux Capucins, afin de protester contre le décret rendu par l’Assemblée nationale, relativement à la motion de Dom Gerle, a présenté le projet de déclaration qui suit :

« La société des amis du peuple (1) ayant fait tous ses efforts et épuisé tous les moyens qui étoient en sa puissance, pour obtenir de l’Assemblée nationale que la religion catholique, apostolique et romaine, fût déclarée religion nationale et dominante, seule autorisée à professer un culte solennel, vo’u exprimé dans tous les cahiers, se croiroit coupable envers Dieu et la Nation, si, gardant un silence criminel, elle ne dénonçoit à toute la France que l’Assemblée Nationale a refusé formellement de prononcer ce décret, et combien elle a montré d’indifférence à s’occuper de la religion ; que quoique la religion catholique, apostolique et romaine, soit plus tolérante, cela n’empêche pas l’Assemblée Nationale de recourir à la calomnie la plus séduisante, et de prêter à la pureté des consciences et des intentions des membres du clergé, les desseins les plus coupables ; qu’en conséquence nous croyons qu’il est de notre devoir de faire connoitre aux François les dangers qui menacent la religion de leurs pères, qui, si elle avoit été déclarée nationale et dominante, n’auroit pu inquiéter les opinions religieuses de chaque individu, par le caractère de tolérance qu’elle porte avec elle. Qu’en conséquence le clergé feroit imprimer sa déclaration avec la motion de dom Gerle, et décret de l’Assemblée nationale sur cette matière.

« M. l’abbé Maury prit la parole après la lecture de ce projet de déclaration. Il l’a trouvé trop faible pour faire impression sur l’esprit des peuples.

« En vain, MM., a-t-il dit, les ennemis de la religion, V Assemblée Nationale, l’accuseront d’intolérance, lorsque nous leur prouverons qu’elle est plus tolérante que celle de tous les royaumes qui nous avoisinent. Elle n’exclue d’aucunes charges publiques les individus de toute secte quelconque, puisque dans les municipalités, dans le sein même de l’Assemblée Nationale on trouve des protestans ; tandis que les Anglois, les Prussiens et les peuples les plus tolérans du nord, privent de ces avantages tous les non-conformistes... La tolérance publique peut seule être admise ; mais la sainte religion proscrit essentiellement la tolérance religieuse. Tout pasteur a le droit de surveiller la conduite de ceux qui sont dans le sein de la religion ca- [1]

  1. (1) Tel est le nom que se donne cette société. {Note de Gorsas.)