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bins. Pour ne pas paraître anti-patriotes, ces clubistes laissèrent en dehors Maury, d’Éprémesnil et le vicomte de Mirabeau, tout à fait opposants, déterminés royalistes. Ils s’attachèrent, à côté deMalouet, qui avait voté pour la réunion des trois ordres, le comte de Virieu, député du Dauphiné, La Fare, évèque et député de Nancy (1) ; François-Louis Hutteau, avocat, lequel, quoique partisan des idées nouvelles, votait souvent avec la minorité ; le chevalier de Boufllers, membre de l’Académie française et député de Nancy, poète de salon : Rulhières, qui avait écrit pour l’instruction du dauphin (Louis XVI) une Histoire des troubles de la Pologne ; Mallet du Pan, journaliste qui, avec Linguet, avait rédigé les Annales politiques et littéraires ; et peut-être le poète Fontanes, dont VEpilre à Louis XVI sur redit eu faveur des non catholiques avait été couronné par l’Académie et avait fait quelque bruit parmi les partisans de la tolérance religieuse. Les meneurs, en réalité, eurent avec eux, lors de leur première réunion, presque tout le côté droit, qu’ils divisèrent. « On fit l’observation, dit Bûchez (2), qu’ils s’occupèrent des moyens d’assurer la conservation de ce qui resterait des biens ecclésiastiques, après le prélèvement des 400 millions ordonné par l’Assemblée nationak* ; on nota aussi avec plaisir les échecs qu’ils éprouvèrent. Ils avaient appelé le cardinal de Rohan : celui-ci se retira en déclarant qu’il ne voulait point faire partie d’une réunion instituée dans le but unique de faire de l’opposition. »

Michelet a parfaitement saisi, lui aussi, le principal but des fondateurs, au début du club. « Ils demandaient, dans leur déclaration, écrit-il, qu’on rendit force au roi, et qu’on subordonnât l’alir-nation des biens du clergé à la volonté des provinces (.’^). » D’ailleurs, ils se targuaient déjà <rimpartialité, bien que leur modération fût de l’esprit de parti.

Tout en assurant que Louis XVI et Madame Adélaïde, fille aînée de Louis XV, embrassaient sincèrement la doctrine des Impartiaux, Malouet « certifiait que la cour n’avait été pour rien dans la formation du club ».

Comme le couvent des Grands-Augustins était situé sur le territoire du district de l’Abbaye Saint-Germain des Prés, le district s’assembla (1) Prédicateur de la cour, qui s’était écrié en chaire, le 4 mai 1789 : « Sire, le peuple sur lequel vous régnez a donné des preuves non équivoques de sa patience. .. C’est un peuple martyr, à qui la vie semble n avoir été laissée que pour le faire souffrir plus longtemps. »

(2) Hisloire partenienlalre de la Révolution.

(.’{) J. Michelet, Histoire, de la Révolutiov franmise. t. I, chap. iv, p. 199.