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LA BELLE ALSACIENNE

— Vous me poussez à bout, méchant, criai-je transportée de douleur et d’amour ; eh bien ! livrez-vous à la fureur qui vous guide et connaissez toute l’étendue de mon malheur.

Je me couvrais le visage pour dérober ma honte aux yeux de mon amant. Je ne sais pas l’effet que cette première vue fit sur lui ; il resta quelque temps sans parler.

— Est-ce un songe ? dit-il en rompant le silence. Quoi, une serrure ? Quel barbare a osé charger d’indignes chaînes des objets si dignes d’être adorés ?

Ses transports interrompirent ses exclamations. Il parcourait avec avidité les charmes étalés à ses regards. J’étais enflammée par ses brûlantes caresses. Il se livrait aux emportements de l’amour le plus violent. Vingt fois, près d’expirer aux portes du plaisir, il s’efforça de franchir la barrière qui nous séparait. Efforts inutiles, le temple de la volupté fut inaccessible à ses hommages.

Enfin, au désespoir et dans la fureur de