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LA BELLE ALSACIENNE


bles, tout fut absorbé ; il fallut encore une fois avoir recours aux hôtels garnis. La perte de mon cher D. M… était le plus sensible de mes chagrins, mais il n’y avait plus de remède, il ne voulait pas se compromettre. La déroute des affaires engagea ma mère à me quitter pour quelque temps.

Elle partit pour Colmar ; je ne fus pas fort affligée de son départ. Je me trouvais libre et pouvais suivre mes inclinations sans contrainte. Je commençais à me lasser de la dépendance dans laquelle j’avais vécu jusqu’alors, et je trouvais enfin qu’il était temps de sortir de tutelle et de me gouverner par moi-même.

J’étais logée rue Coquillière. D…, dont le sérail était répandu dans les différents quartiers de Paris, me vit et m’aima. Il vint lui-même m’assurer de la possession de son cœur. Son antique et petite figure ne me revenait nullement ; mais le rang de sultane favorite qu’il m’offrit me fit ouvrir les yeux ; ma vanité s’en trouva flattée, et j’acceptai, sans balancer un parti si bril-