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LA BELLE ALSACIENNE


évasion, mettait ses soins à découvrir ma retraite. Elle ne douta pas que M. D… ne fût complice de ma fuite, quoiqu’il feignît d’en être fort affligé. Il continua de payer à ma mère la pension qu’il me faisait, en sorte que, quoique je fusse séparée d’elle, mon droit de présence était toujours acquitté ; mais comme ces honoraires ne répondaient pas à la grandeur de ses desseins, elle n’en était pas moins ardente à ma découverte.

Ma mère avait fondé sur la puissance de mes charmes des projets de fortune aussi vastes que son ambition. Une aventure récente avait encore redoublé le tendre appétit qu’elle se ressentait pour les bienfaits de la fortune. De R… venait d’être répudié par la D…, malgré les efforts de prodigalité qu’il avait faits pour la retenir. Son cœur, désespéré d’une perte aussi cruelle, paraissait inconsolable. Le bel et judicieux usage qu’il avait fait de ses trésors avait intéressé pour lui tout le monde galant de Paris. Les spectacles briguaient à l’envi l’honneur de remettre le calme