Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LA BELLE ALSACIENNE


en apprendre la cause : je l’aimais trop pour lui rien déguiser. Son amour fut indigné d’un pareil outrage ; il me proposa un enlèvement ; j’acceptai sans balancer ce parti, le seul qui pouvait me mettre en sûreté contre des tentatives nouvelles.

Jour pris pour le lendemain, je sortis sur les dix heures ; mon amant m’attendait au bout de la rue ; je montai dans son carrosse, il me fit conduire au couvent de ***. Il ne cessa pendant le chemin de m’accabler des plus tendres caresses. Cette preuve d’amour que je lui donnais ne lui laissait aucun doute sur la sincérité de mes sentiments.

Nous arrivâmes au couvent, où D. M… prit congé de moi. Les religieuses me firent toutes les caresses imaginables. J’admirais la tranquillité de ces bonnes filles ; il ne me plut pas cependant de les imiter. Mon amant me voyait au parloir presque tous les jours, et ma tendresse pour lui, gênée par le cérémonial de la grille, n’en prenait que plus d’empire sur mon cœur.

Cependant ma mère, furieuse de mon