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LA BELLE ALSACIENNE


je n’étais pas accoutumée aux restitutions. Je dis au marquis que je ne pouvais en conscience me dessaisir de ses largesses, que c’était un dépôt trop cher à mon cœur pour m’en voir privée. Il insista malgré mes remontrances.

Enfin, nous composâmes. Nous convînmes que je garderais la robe et que je lui remettrais la montre, qui serait évaluée, afin qu’il m’en rendît la valeur. Nos discussions étant terminées, nous nous séparâmes.

Le chevalier de B… prit la place du marquis, dont il avait été quelque temps le coadjuteur. Vainement j’essayai de fixer sa légèreté, il ne me fut pas possible d’en faire un amant essentiel.

Inquiet, volage, ne voulant jamais qu’effleurer les plaisirs, la seule idée d’un engagement sérieux l’effrayait. J’avais beau le prêcher, il était insensible aux traits de ma morale. Content de me faire éprouver les premières impressions d’un sentiment passager, il s’était fait un système de volupté, commode, disait-il, pour le tempé-