R… Cet Adonis plus qu’octogénaire, dont
l’âme se ressouvenait encore d’avoir été
voluptueuse, aurait mérité les invalides de
Cythère. Réduit à se contenter des prestiges
d’un amour contemplatif, son cœur
cherchait sans cesse à ranimer des désirs
éteints. Vainement il se croyait encore
visité de quelques étincelles de sensualité ;
ces faibles bluettes étaient tout à coup
amorties par le froid d’une imagination
épuisée. Cependant, malgré l’impénétrabilité
des barrières qui le séparaient pour
jamais des plaisirs, il ne pouvait renoncer
à ses douces habitudes. Vieux soldat de
l’amour, il voulait mourir au lit d’honneur.
Plusieurs fois, je l’ai vu, dans le délire d’une rage mue, vouloir lutter contre ses malheurs et se flatter de pouvoir retrouver dans les bras de l’amour ces tendres instants dont sa mémoire lui retraçait une si délicieuse et si désespérante image.
Le personnage de consolatrice est une difficulté extrême à soutenir ; il est triste de n’avoir jamais devant les yeux que des