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LA BELLE ALSACIENNE

G…, violon de l’Opéra, briguait depuis longtemps l’honneur de tenir un enfant avec moi ; c’est une façon de s’insinuer dans les bonnes grâces, usitée par les cadets de Cythère. Malgré ma répugnance naturelle pour ces sortes de cérémonies, je ne pus m’empêcher de donner cette marque de considération au corps des musiciens.

On prit un jour ; ma coiffeuse passa une partie de la matinée à mettre mes cheveux en ordre. Elle épuisa sa science. Je crois avoir dit que j’ai la tête assez belle. Je fus surprise agréablement, en me regardant au miroir, des merveilleux effets de l’art ; je me considérais avec un plaisir infini. Pendant que la coiffeuse s’occupait à arranger ma toilette, des papillotes jetées au hasard tombèrent sur le P. D… qui passait dans ce moment ; et par un des miracles de la sympathie, le charme l’arrêta : un instinct secret lui fit pressentir quelque douce aventure ; il leva la tête pour augurer d’où provenait l’enchantement. Il s’attendait à voir à la fenêtre quelqu’une de ces beautés