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LA BELLE ALSACIENNE


elle me le présenta comme un de ses meilleurs amis et pour lequel elle me pria d’avoir tous les égards dont elle m’assura qu’il était digne. Cet homme, fier de cette belle recommandation, s’approcha de moi avec un air aussi familier que si nous nous fussions connus de longue main. Il m’engagea à me laisser conduire dans une chambre adjacente. J’étais si étourdie que je n’eus pas la force de faire la moindre résistance.

Ce début ne me plaisait guère. J’aurais déjà voulu être débarrassée de ce galant tête-à-tête, mais il fallait auparavant mériter le prix qu’on avait mis à ma complaisance, ce qui n’était pas chose facile.

Le squelette qu’on m’avait donné à ranimer avait le sommeil extrêmement dur. Je fis des efforts incroyables pour dissiper son engourdissement : peines inutiles. Un froid mortel semblait avoir entrepris son âme, et je désespérais de réussir à fondre la glace. Je rougissais des bienfaits auxquels j’étais obligée de descendre ; moi, accoutumée aux empressements, être obli-