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LA BELLE ALSACIENNE


obligeantes qu’on m’en a dites, je puis sans vanité me croire assez bien faite ; ajoutez à cela un visage au moins passable, une tête ornée d’une chevelure cendrée et d’une longueur prodigieuse, dont les grosses tresses tombaient sur un beau justaucorps à l’allemande, que relevaient la finesse et l’élégance d’une taille bien prise. Tout cela devait avoir quelque chose d’assez piquant pour exciter la curiosité de me connaître de plus près.

Nous étions voisins d’un sous-traitant qui, toutes les fois que je passais sous ses fenêtres, me lorgnait avec une dévotion extrême. Comme j’étais sans occupation et que mon cœur cherchait à se désennuyer, j’y avais pris garde : quelques regards que je lui rendis m’attirèrent de sa part une nouvelle attention. Ces enfants de la fortune n’aiment pas soupirer gratuitement ; accoutumés aux exploits rapides, leurs désirs vifs et pétulants ne connaissent point de frein : m’aimer et me l’apprendre ne fut pour lui que l’ouvrage de deux jours.