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LA BELLE ALSACIENNE


piré longtemps pour mes appas ; mais la difficulté de faire agréer sa tendresse, à cause de l’importance de la taxe, l’avait jusque-là tenu dans les termes d’une passion respectueuse. Lorsqu’il apprit mon départ, l’amour lui fit faire une tentative sur le coffre-fort de son père, qu’il déménagea. Ma mère, qui le connaissait, lui fit un accueil froid et conforme à ses facultés ordinaires.

En vain lui fit-il, ainsi qu’à mon beau-père, toutes les avances de politesse dont il put s’aviser. Rien n’opéra : on descendit pour le dîner pendant lequel il n’eut pas lieu de se féliciter de la démarche qu’il venait de faire.

On se retira de table ; comme tout le monde songeait à acquitter les frais de la dépense, mon amant de voyage, riche des dépouilles de la maison paternelle, fit voir une bourse d’or si bien garnie qu’elle attira l’attention de ma mère ; elle se radoucit à cet aspect et répondit à ce qu’il nous disait d’un ton plus humain ; il devina le motif qui déterminait les choses en sa faveur ; ce