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LA BELLE ALSACIENNE


se contrariaient. Lorsque je songeais à la fuite, un charme inconnu m’arrêtait. J’étais émue ; le trouble que la présence de G… portait dans mon cœur m’avait interdit l’usage de la parole. Je craignais, et je désirais, sans pouvoir démêler le principe de mes désirs ni de ma crainte. Nous nous regardâmes quelque temps, sans prononcer un mot. Il était trop bon connaisseur pour ne pas deviner ce qui se passait dans mon âme.

Il rompit enfin le silence, et prenant une de mes mains, sur laquelle il imprima un baiser que je n’eus pas la force de lui refuser :

— Voulez-vous, mademoiselle, me dit-il, m’accorder la permission de me promener avec vous ?

— Très volontiers, monsieur, repris-je en tremblant.

— Que vous êtes aimable ! poursuivit-il en réitérant le baiser, je ne puis trop vous témoigner à quel point je vous suis obligé de cette faveur.