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LA BELLE ALSACIENNE


idées qui m’occupaient, ne me laissait guère de repos. La satisfaction que G… ressentait de se trouver auprès de moi avait augmenté sa vivacité et son enjouement naturel ; cela ne servait qu’à le rendre plus propre à faire naître des désirs. Ces désirs m’agitaient sans cesse : il me fut impossible de fermer l’œil de la nuit. Je me levai dès la pointe du jour et je descendis dans le jardin, à dessein d’y promener ma rêverie. G…, qui ne dormait pas plus que moi, était à la fenêtre de son appartement ; il ne m’eut pas plutôt vue prendre la route du berceau, qui était au bout du jardin, qu’il vint sur mes pas. J’étais trop appliquée à ce qui faisait l’objet de ma méditation pour m’apercevoir qu’on me suivait.

— Vous êtes bien matineuse, me dit-il en s’approchant de moi.

Je revins de ma distraction à sa voix. Mon premier mouvement fut de chercher à l’éviter, mais la surprise où j’étais m’en empêcha. Je demeurai interdite ; j’étais combattue par une infinité de pensées qui