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LA BELLE ALSACIENNE

ments de la table, buvant avec indécence : mais par combien de vertus de si légers défauts ne sont-ils pas rachetés ?

On a poussé la noirceur jusqu’à lui faire un crime des fautes d’amour, en lui reprochant d’avoir quelquefois permis à ce dieu sensuel certains égarements, comme si cela ne pourrait pas être arrivé sans qu’elle eût été sa complice ; l’absence de sentiment n’est-elle pas une excuse suffisante, et peut-on deviner ce qu’on ne voit pas ? Je finis sur son chapitre, car, en vérité, je sens que j’ai peine à réprimer les mouvements d’orgueil qui me saisissent en détaillant trop les perfections d’une si estimable mère.

Ma mère, telle que je viens de la représenter, passa quelques années assez tranquillement avec son mari. Le bonhomme, charmé de sa fécondité, adopta tous les fruits provenus de sa compagne de couche : elle le fit père de cinq enfants, du nombre desquels je suis.

Ma mère, quoique avec une sorte d’arrangement, ne se piquait pas cependant d’une