Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
LA BELLE ALSACIENNE


lités essentielles. Ma mère possède l’esprit de son métier autant que femme du monde. Elle doit connaître les mœurs de ce siècle, ayant commercé toute sa vie avec la robe, l’épée et la finance ; elle n’a rien négligé pour s’instruire, elle n’a pas même dédaigné de descendre jusqu’aux états les plus vils, afin de pouvoir ajouter de nouvelles découvertes à ses lumières : artisans, valets, tout a passé à son attentif examen. Ces vils mortels, pour occuper les derniers rangs de la société, n’en sont pas pour cela des objets moins dignes d’attention et d’autant plus propres à nous instruire que, chez eux, les vices grossiers et nus se montrent à découvert et sans que les yeux puissent être fascinés par ces dehors imposteurs qui couvrent souvent le même fonds dans un monde plus poli. Lorsqu’on s’y prend de cette manière, on ne peut manquer, d’étudier avec fruit. Aussi n’a-t-elle point sujet de regretter le temps qu’elle a passé à puiser des leçons si utiles.

De ce fonds prodigieux de talents, ac-