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LA BELLE ALSACIENNE


rent plus de frein ; il se précipita en aveugle et se livra tout entier à sa destinée. Mais que faire de choses dont il ne connaissait ni la destination ni l’usage ? Ses désirs s’égarèrent et il ne me fut pas difficile de me soustraire à ses emportements ; je n’eus d’obstacle à surmonter que mes propres désirs.

Je me remis dans une situation moins critique ; il parut désespéré de sa perte. En vain j’entrepris de le consoler en lui disant qu’il n’avait pas perdu pour toujours ce qu’il regrettait ; mais que je voulais mettre auparavant à l’épreuve la sincérité de son amour.

Rien ne fut capable de lui faire entendre raison. Il ne cessait de me conjurer, avec les plus vives instances, de ne pas le priver plus longtemps d’un bien sans lequel il ne pouvait plus vivre ; il joignait les transports aux prières. J’avais de trop bonnes raisons pour ne pas être inexorable.

Enfin, ne pouvant plus résister à son ardeur et désolé de ma résistance, il ne