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LA BELLE ALSACIENNE

Je crus pendant plusieurs jours que je serais inconsolable ; je ne pouvais digérer l’affront auquel mon malheur m’avait exposée ; car il y avait de la fatalité dans tout cela, et l’on sera obligé d’en convenir, pour peu qu’on veuille examiner la chose sans prévention. Qu’on me permette là-dessus une réflexion bien simple et qui me paraît s’offrir d’elle-même.

Qu’un homme soit vivement piqué d’un outrage qu’on lui fait de gaieté de cœur, et dans un dessein prémédité de l’offenser ; que d’ailleurs celui dont on a reçu ce déplaisir soit quelqu’un obligé, par des raisons de convenance et d’état, à des ménagements de conduite avec lui, j’avoue qu’en pareil cas son ressentiment est légitime et qu’il a droit de s’en formaliser.

Rien de plus naturel que d’être irrité contre des gens qui nous manquent, surtout lorsque l’offense est d’une espèce qui ne convient pas à leur caractère, ce qui prouve un fonds de mauvaise volonté et une envie déterminée de désobliger cruellement ; mais je soutiens qu’il est absolument