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LA BELLE ALSACIENNE


mon caractère, il fallut bien en venir là ; car le fat, quoique peut-être plus vain qu’emporté, ne gardait plus de mesure et m’excédait de l’impertinence de ses transports.

Je saisis mon temps pour lui infliger la petite correction que je méditais. Trop occupé de la réussite de certains projets, il avait négligé de se précautionner d’une attitude solide ; je le surpris entre bond et volée ; l’impulsion violente, secondée par le poids de son corps, lui fit perdre subitement l’équilibre ; le trébuchement fut rapide, il tomba à la renverse, dans la situation la moins propre à inspirer de la compassion.

Ce spectacle grotesque éteignit ma colère ; je ne pus m’empêcher d’éclater de rire, tandis que cet amant maltraité, humilié de sa chute, se relevait en me donnant sans façon tous les noms que je venais de mériter avec lui.

Ce débordement d’injures me rendit une partie de ma mauvaise humeur : je venais de défendre ma vertu avec trop de dignité