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LA BELLE ALSACIENNE


l’utile et l’agréable. Comme cette commission demande de certains soins, elle a jugé à-propos de lui associer un adjoint pour le soulager dans une partie de ses fonctions.

Un amant en second, quoique privé des honneurs de la préséance, n’en est pas plus à plaindre. Comme il n’a obligation de son bonheur qu’à notre choix, et que ce choix se trouve libre, il n’en est que plus sincèrement aimé. Le cœur d’une femme aime l’indépendance ; rendre heureux quelqu’un qui a droit de prétendre à nos grâces, ce n’est plus un bienfait, c’est une dette que l’on acquitte ; il n’est point du tout agréable de payer ses dettes, je m’en rapporte à l’expérience journalière ; on donne plus volontiers qu’on ne rend ; c’est que notre âme est fière et que sa vanité se trouve flattée d’être généreuse.

La ***, qui a reconnu la vérité de ce sentiment, n’a donc pas pu se résoudre à laisser M… seul possesseur d’un bien dont il n’est pas tenu de lui avoir obligation ;