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LA BELLE ALSACIENNE


de la critique des autres, que de raisons pour m’engager au silence ! Cependant toutes les réflexions que je fais, unies même à toutes celles que les lecteurs pourront y ajouter, ne sont pas assez puissantes pour m’arrêter. Il faut absolument que j’écrive : l’entêtement et la démangeaison de parler ne sont pas les moindres vertus de mon sexe. C’est à des motifs aussi louables que je suis redevable de la hardiesse que j’ai d’envisager sans frémir les dangers et les inconvénients attachés à la profession d’auteur.

Je vais donc faire un livre ; la jolie chose que de faire un livre, et qu’il est flatteur pour moi de me voir imprimée, et peut-être lue avec quelque curiosité ! Je ne puis contenir ma joie. Rivale de Frétillon[1] dans la carrière de l’honneur, je me figure d’avance partager avec elle la gloire inséparable de la qualité d’héroïne de roman.

  1. Allusion à l’Histoire de Mlle Cronel, dite Frétillon, récit des aventures libertines de la jeunesse de Mlle Clairon. Voir la réédition de cet ouvrage : Chroniques libertines, t. II. (Bibliothèque des Curieux, 1911.)
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