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Mardi 12 janvier.

Je vais te raconter la dernière aventure de Thérèse.

J’avais dû sortir après le déjeuner pour quelques courses urgentes dont papa m’avait chargée. Sans m’en expliquer le motif, Thérèse me demanda la permission de s’absenter, promettant de rentrer à sept heures précises.

Elle arriva, à sept heures et quart, toute souriante. « Me voilà, fit-elle gaiement, je suis en retard ?… »

— Un peu… j’allais me mettre à table. Peut-on, dis-je avec une froideur feinte, demander à mademoiselle où elle a passé son après-midi ?…

— Oui, madame, répondit-elle sur le même ton.

Après s’être mise en déshabillé, elle vint s’asseoir sur mes genoux en m’embrassant. La coquine me connaît bien et ne se laisse pas prendre à mes bouderies, quand elles ne sont pas sérieuses.

— Ainsi, lui demandai-je, tu est contente ?… tu t’es bien amusée ?… « Oui, je suis très enchantée de ma journée ».

Nous nous mîmes à table, et pendant tout le dîner nous ne parlâmes que de choses insignifiantes devant la bonne qui nous servait.

Dès que nous fûmes seules dans ma chambre, je lui dis, avec un peu d’impatience : « Eh bien ! me diras-tu où tu es allée ?… »

— Devine !…

Une idée me traversa l’esprit : « Je parierais que tu as été rejoindre la Saint-Léon !… »

— Oh ! fi !… mieux que cela, ma chère… Je suis allée voir Valentine à sa pension.

— Valentine !… Alors, tu reviens de Sèvres ?…

— Parfaitement. L’idée m’est venue dès que tu as été

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