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encore, je crois, accordée à aucun gentleman. Vous y verrez de très jolies choses.

— Eh bien ! me demanda Dora, quand voulez-vous ?… Demain matin !… cela vous convient-il ?… c’est dimanche.

— Entièrement à vos ordres, miss, fis-je en m’inclinant.

— Faisons mieux, dit alors Sir Duncan : ma chère Dora, priez M. Fonteney de venir, sans façon, déjeuner avec nous. Vous lui montrerez ensuite vos pochades à votre aise.

Je ne pus qu’acquiescer, et je pris congé.

Le lendemain, j’arrivais chez Sir Duncan à l’heure convenue, où je rencontrai un capitaine du génie, que je connaissais et qui est le secrétaire du père de Dora. Le déjeuner achevé, Dora demanda : « Maintenant, messieurs, voulez-vous venir voir mes peintures ?… »

— Non, répondit son père, j’ai à causer avec le capitaine ; M. Fonteney t’accompagnera.

J’offris le bras à Dora et nous sortîmes. Je pense t’avoir dit qu’elle occupait un petit bungalow indépendant de l’habitation de son père, à une trentaine de mètres de celle-ci. Ce cottage n’a qu’un rez-de-chaussée auquel on accède par une véranda ; une pièce centrale servant à la fois de salon et d’atelier, flanquée à droite et à gauche de deux chambres à coucher, compose avec ses dépendances l’appartement de Dora.

La porte du salon s’ouvrit devant nous et j’aperçus debout dans la pénombre, une petite indienne en pagne de soie, à peine brunie, fort jolie, avec de grands yeux effarouchés, qui pouvait avoir douze ou quinze ans. À peine la porte était-elle refermée que Dora me sautait au cou, me serrait dans ses bras et me donnait les plus tendres baisers, en me disant : « Enfin, nous sommes chez nous !… Je t’ai tout à moi… rien qu’à moi !… »

Et comme je lui montrais la petite indienne qui nous regardait, stupéfaite : « Ne t’inquiète pas, chéri, me dit-

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