Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

VI

Calcutta, le 23 décembre 18…

Chère Cécile, il est arrivé, le grand jour où je devais enfin cueillir cette fleur précieuse que la tendre Flora m’avait réservée, et ce bouton charmant que la délicieuse et espiègle Maud était impatiente de m’abandonner !

— Plaignez-vous, mauvais sujet, me dit gaiement Dora en entrant avec ses deux amies : trois gentils pucelages à croquer le même jour…

— Trois ! interrompis-je étonné, car je ne pensais qu’à Maud et à Flora.

— Oui, trois, car je compte bien, moi aussi, vous en offrir un, reprit-elle, en se mettant la main sur les fesses ; Flora m’a dit que c’était un piment exquis.

— Pardon, fit Maud à son tour, alors cela fera quatre, car j’en ai deux pour ce cher Léo : celui-ci, dit-elle en portant sa main à sa petite fente, et celui-là, en montrant son petit fessier.

— Mais, petite coquine, lui dis-je, je vais te martyriser !…

— Cela m’est égal, répliqua-t-elle crânement, je veux n’avoir rien à envier à mes amies.

— Eh bien ! dit Flora, tu promets, toi !…

— C’est possible, mais si je promets, je veux tenir aussi.

— Cher ami, me dit Flora, comment pourrez-vous suffire à un pareil travail ?…

— Un travail, chérie ? dites donc un plaisir, le plus grand des plaisirs, quatre ou cinq fois répété.

— C’est bon, c’est bon, fit à son tour Dora, nous connaîtrons votre valeur ; pour moi, je ne suis pas inquiète. Mais, pour commencer, prenons quelque chose : je n’ai pas tiffiné[1].

  1. Le « tiffin » est le repas, généralement composé de viandes froides, de gâteaux, de thé avec beurre, et de vins de liqueurs, que les Anglais prennent à deux heures et après lequel ils font la sieste.
— 62 —