Puis, voyant l’occupation à laquelle se livrait son amie, elle s’écria : « Encore ! fit-elle… et voyez comme monsieur se laisse faire… Mais vous allez vous tuer, chéri… »
— Oh ! pour trois ou quatre petits coups !… Il me semble que je pourrais passer une nuit entière entre vous deux, à vous baiser tout le temps.
— Oui, et vous seriez sur le flanc pendant un mois. Au moins, restaurez vous !…
Elle trempa un biscuit dans du porto, et nous passa à chacun un verre de claret et une banane.
— Tiens, Flora, change de banane !…
— Oh ! fit celle-ci, en saisissant toutefois le fruit qu’on lui présentait, tu me déranges toujours !
— Croirais-tu, mon petit Léo, que Flora est encore pucelle et qu’elle ne veut pas qu’on le lui mette ?… À dix-neuf ans, n’est-ce pas honteux ?…
— D’abord, mademoiselle, je n’ai pas encore trouvé d’occasion qui me tentât…
— Et maintenant, ma petite chatte ? lui demandai-je en lui passant la langue autour de l’oreille, caresse qui la fit tressaillir.
— Avec vous, cher ami, répondit-elle câlinement, je ne dis pas non !… mais pas aujourd’hui… je t’en prie : je le dirai quand j’en aurai envie…
Et déjà elle avait repris la banane vivante qui se morfondait, et de ses lèvres de velours lui rendait sa fière prestance.
— Comme tu es gourmande, dit Dora ; vous n’allez pas recommencer tous les deux, je suppose !
— Non, non, répondis-je ; c’est moi qui remerciais Flora.
— Je crois, en effet, qu’elle le mérite, répliqua Dora en riant… Et moi, on ne me remercie pas ?
— Oh ! si : vous m’avez donné plus de bonheur que je n’aurais osé en rêver. Vous êtes la plus délicieuse petite…