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sonne si froidement en vous écrivant, je suis la première à partager son amour du plaisir et à m’associer à toutes les folies qu’elle vous a contées ?

C’est que, voyez vous, c’est vraiment de l’amour que j’éprouve pour Cécile, un amour que je n’avais jamais ressenti pour personne, ni pour mon premier amant, ni pour aucune des femmes qui m’ont souvent inspiré des passions très intenses mais passagères. Il y a à peine trois mois que je la connais, et pourtant il me semble que nous sommes nées ensemble.

J’aime tout en elle : non seulement sa beauté si piquante et si gracieuse, mais son esprit plein de vivacité, son caractère, ses mouvements d’oiseau, sa grâce primesautière, son regard tour à tour plein d’éclat ou voilé de tendresse. Et quand je la tiens dans mes bras, je suis aussi folle de l’ardeur de ses sens que de la langueur de ses abandons…

Vous ne voudrez pas, n’est-ce pas, que ce bonheur finisse, et vous ne nous séparerez pas ? Si vous saviez comme je vous aimerai ! autant qu’elle, autant qu’elle vous aime et autant que je l’aime. Si vous saviez, cher Léo, avec quelle ardeur je vous désire ! Malgré mon penchant pour mon sexe, vous verrez ce que je serai pour vous !

C’est que vous êtes l’autre moitié de ma Cécile, et que je ne vous sépare pas d’elle dans mon cœur ; c’est qu’à force de parler de vous tous les jours, de lire vos lettres, je finis par croire que vous êtes à moi autant qu’à elle… Et à nous trois, nous ne ferons qu’un tout…

Excusez-moi, cher Monsieur, de vous écrire tout cela. Mais je n’y puis tenir : et puis, dans cette campagne où j’ai passé mon enfance, je me complais si volontiers dans ces idées d’un bonheur calme où je coulerais doucement ma vie entre vous deux !

Cécile vous a écrit quelles ont été nos désillusions, ou plutôt les siennes à l’endroit de Gérard. La pauvre amie

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