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que vous connaissez, je crois, et à qui j’ai demandé de le mettre à ma disposition pour une journée, afin d’y travailler en paix. Nous sommes chez nous, et personne ne nous dérangera.

La chaloupe amarrée, les deux coulis apportèrent un grand panier et rentrèrent à bord, d’où ils ne devaient plus sortir jusqu’à l’heure du départ. Nous sortîmes les provisions dont la prévoyante Dora avait eu le soin de se munir, et Amalla disposa le couvert.

— Voulez-vous, cher ami, me dit Dora, venir faire un tour dans le jardin, pendant qu’il ne fait pas encore trop chaud ? Du reste, il est fort ombragé.

Nous sortîmes, et au bout de vingt pas nous nous trouvâmes à l’entrée d’un berceau très bien garni de bougainvillées, d’antigones et de passiflores.

— Entrons nous asseoir sous cet ombrage ; cela nous rappellera la tente du lieutenant-gouverneur.

— Chère Dora, dis-je l’enlaçant de mon bras, et approchant mon visage du sien, regrettez-vous quelque chose ?

— Méchant ! pouvez-vous le croire, après ce que je vous ai dit tout à l’heure ?…

— Oh ! ma chérie, dis-je alors, laissons-nous vivre, sans nous demander le pourquoi et le comment des choses, bornons-nous à savourer le bonheur. Je vous aime autant que je puis aimer, après ma femme et presque autant qu’elle, avec cette différence qu’elle est la compagne de ma vie.

— Qu’il me tarde de la connaître !… M’aimera-t-elle aussi ?… Ne nous avez-vous pas dépeintes sous des couleurs trop favorables ?…

— Comment pouvez-vous douter de ses sentiments, après ce qu’elle dit de vous, dans sa dernière lettre ?

— Oui, je crois que nous nous entendrons et que Thérèse sera aussi une bonne amie pour nous. Quant à Line, je me charge de lui apprendre le dessin. Maintenant, cher ami, je

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