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te promettre de n’y plus retomber…

Hier matin, nous nous trouvions dans ma chambre, Thérèse et moi, attendant l’heure du déjeuner. Je relisais une lettre de papa, reçue le matin, dans laquelle il me priait de me rendre sans tarder à Saint-Germain et de visiter, une dernière fois, la petite maison de campagne qu’il convoite depuis longtemps.

J’étais énervée, je me sentais toute drôle et comme envahie par une molle langueur que je n’avais pas éprouvée depuis longtemps. Il faisait un beau temps clair, assez doux pour la saison, et le soleil brillait gaiement, tout joyeux de se sentir débarrassé, au moins pour quelques heures, des vilaines brumes de l’hiver. Et m’adressant à Thérèse, je lui dis : « Ma chérie, ne t’effarouche pas de ce que je vais te dire : j’ai envie de… de faire l’amour… » Elle ouvrit des yeux étonnés, en me répondant : « Mais mon ange, tout de suite si tu veux… »

— Non, tu ne comprends pas, j’ai envie de baiser pour de bon, de me faire baiser, si tu aimes mieux, par un homme, avec un vrai membre… »

— Oh ! Cécile, quelle idée vous prend aujourd’hui… Et si votre mari venait à le savoir ?…

— Mon mari !… Mais il m’a laissé carte blanche et je suis parfaitement libre de faire, sur ce chapitre, tout ce qui me passera par la tête. Or, ce matin, je me suis éveillée avec l’idée fixe de me payer cette fantaisie ; il y a deux jours que cela me tient, c’est une envie folle, et il faut que je la satisfasse…

— Folle ! oui, murmura-t-elle… Ah ! Cécile, vous ne m’aimez plus, ou vous m’aimez moins…

— Écoute, ma chère Thérèse, repris-je : tu n’as jamais eu d’amant sérieux, tu n’as jamais éprouvé auprès d’un homme les mêmes émotions, les mêmes ravissements voluptueux que j’ai goûtés moi-même dans les bras de mon Léo.

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