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LES POURQUOI D’UNE CALOMNIE

Un soir à Paris, à la fin de l’hiver de 1865, un abbé apercevait un enfant qui fouillait un tas d’ordures.

— Qu’est-ce que tu fais-là ?

— Je cherche de quoi manger.

L’abbé prit l’enfant, l’emmena, le fit dîner et le coucha.

Le lendemain, l’abbé se mettait en quête. Il rentra avec un autre vagabond. Huit jours après la première trouvaille, il hébergeait six enfants, qui encombraient sa chambre. On y campait comme à la veille d’une bataille, un peu pêle-mêle. L’abbé nourrissait son petit monde de son mieux, mais ses ressources étaient limitées : souvent on ne vivait que de pain sec trempé d’eau claire, et parfois on se couchait sans souper. L’abbé n’était pas homme à s’arrêter pour si peu. Saint-Martin coupait son manteau en deux pour couvrir la nudité d’un mendiant : j’imagine que l’abbé trouverait que c’est perdre du temps et qu’il est plus expéditif de donner toute la soutane.